amour argent art belle bonne cadeau cadre chez coeur collection dieu divers
RechercherDerniers commentairesmerci à vous. olivier barde-cabuçon
Par Anonyme, le 10.04.2023
sacrée bonne femme. la version "bad ***" de marilyn, excessive. qu'est ce qu'elle m'a plu... http://chez-ra ou
Par chez-raoul, le 13.04.2020
ça donne envie de le lire
Par Anonyme, le 09.08.2018
merci pour vos commentaires élogieux !
si je puis me permettre, vous devriez insérer des sauts de paragraphe
Par Anonyme, le 11.06.2017
many thanks for the review of my book. merci beaucoup. http://www.mil larcrime.com.c enterblog.net
Par sam millar, le 22.04.2016
· HOLLYWOOD S’EN VA EN GUERRE : UNE PRIVÉE CONTRE LES NAZIS
· Jayne Mansfield 1967 : une éternelle gloire posthume
· Un Traitre de Dominique Jamet : une malsaine Occupation...
· RAGING BULL : UN UPPERCUTT AU COEUR SIGNE JAKE LA MOTTA
· « Occupe-toi d'Arletty ! » : un Gai Paris vert de gris
· LA TRILOGIE COSTE : LES TRES BONS ENGRENAGES D’OLIVIER NOREK
· PEREIRA ATTEND d'Antonio Tabucchi
· "LE CHINOIS" D'HENNING MANKELL : CRIMES POUR MEMOIRE
· UN PERE IDEAL : le gêne du tueur est il héréditaire ?
· L’ETE DE KATYA : QUAND TREVANIAN GOTHISAIT LE PAYS BASQUE
· UNE DOUCE LUEUR DE MALVEILLANCE : PLONGEE EN PSYCHE FATALE
· LA PENDUE DE LONDRES : CECI EST BIEN PLUS QU'UN FAIT DIVERS
· SYLVIA PLATH, CHRONIQUE D'UN SUICIDE ANNONCE
· LES NEUF CERCLES : ELLORY SUR LES TRACES DE JAMES LEE BURKE
· AMERICAN DESPERADO : SANGLANTE CONFESSION POUR CRIMINEL NE
Date de création : 30.03.2011
Dernière mise à jour :
23.11.2025
514 articles
Le monde du gangtérisme a largement inspiré le cinéma américain. Depuis Little Caesar, L'Ennemi Public N°1, Scarface de Hawks jusqu'à son remake, en passant par les Affranchis de Scorcese, Carlito's Way, Casino et Il Etait une Fois en Amérique, notre imaginaire de cinéphiles est peuplé de figures criminelles marquantes. Il est cependant rare de trouver le pendant livresque à de telles œuvres, même si certaines d'entre elles sont tirées de romans, à l'instar du Parrain signé Mario Puzo. Mais romans ou films ne sont jamais que des représentations fantasmées du monde du crime organisé, la violence chorégraphiée se parant forcément des filtres artistiques qu'imposent la censure et les visions personnelles de metteurs en scène souvent moins spécialistes qu'ils ne pourraient le prétendre de ce singulier microcosme.
La force intrinsèque d'American Desperado qui paraît ce mois-ci chez 13E Note Editions c'est de ne pas chercher à romancer le témoignage posthume de Jon Roberts, mafieux aujourd'hui décédé, qui se livra ces dernières années sans retenue au journaliste Evan Wright. En près de 700 pages, Jon Roberts (de son vrai nom Riccobono, son pseudonyme de Jon Pernell Roberts provenant de sa passion pour la série Bonanza, l'acteur Pernell Roberts campant le fils vêtu tout en noir de la fratrie Cartwright) se raconte sans jamais chercher une quelconque absolution de la part du lecteur. Son récit entrecoupé de témoignages venant corroborrer ses allégations ou au contraire les pondérer quand son confesseur journalistique estime nécessaire de mettre les points sur quelques « i » est celui d'un fils de mafiosi new yorkais n'ayant pas su échapper à l'hérédité criminelle d'une famille s'étant fait une spécialité de la transgression des lois.
Né en 1948, Jon grandit au sein d'un foyer éclaté, son père s'il ne lui prodigua guère d'amour lui apprit en revanche très tôt comment tuer un homme de sang froid. Adolescent bagarreur, membre d'un gang pratiquant le racket comme d'autres s'adonnent aux échecs, Jon est bientôt rattrapé par la justice et son casier judiciaire ne reste pas vierge bien longtemps. Et c'est précisément pour le blanchir qu'il accepte de s'engager à vingt ans pour servir au Vietnam où il parfait sa formation de tueur émérite. Sa guerre est une succession de missions suicides, ponctuées de tortures et de massacres perpétrés au nom de l'Oncle Sam, où sa rage de bête fauve s'exprime sans restriction. Ces pages là sont saisissantes et même si on peut suspecter Jon Roberts d'en rajouter un peu ici et là, de noircir le trait et de se donner le « bon mauvais rôle » il n'en demeure pas moins que s'il a seulement commis le tiers de ce qu'il évoque, il ne pouvait pas rentrer au pays sans ramener dans ses bagages émotionnels de pesants souvenirs.
Pour ce genre d'homme, sociopathe autrement plus redoutable que le serial killer magnifié par des séries télé comme Dexter, la vie n'a pas grand prix. Surtout celle des autres. Surfant sur la vague post soixantehuitarde, une fois rentré à New York, il devient un prince de la nuit en ouvrant boite de nuit sur boite de nuit, fréquentant la jet set de la Big Apple à laquelle il fournit non seulement de la musique à la mode dans des lieux d'exception mais également toutes les substances possibles et imaginables susceptibles de plaire à de nouvelles vedettes telles que Jimi Hendrix dont il évoque les frasques hautes en couleur. Le trafic de drogues devenant de plus en plus lucratif, Jon se pose comme l'un des spécialistes de sa revente à New York, ce qui ne va pas aller sans éveiller des jalousies et l'entrainer dans un univers de plus en plus sordide et sanglant.
Contraint de prendre ses distances avec le milieu local, se faisant passer pour quasi mort, il décide de filer vers le Sud et s'implante alors à Miami dont il décrit en détail la vie nocturne et criminelle, qu'il ausculte et dissèque avant de s'y intégrer pleinement au point d'en devenir graduellement l'élément central. Car Jon Roberts est un arriviste visionnaire comme il en existe peu. Il voit toujours plus haut, toujours plus loin et de fil en aiguille, le voilà qui lie connaissance avec le cartel de Medellin, bâtissant pour le compte de ses membres les plus éminents la plus formidable organisation d'import/export de drogues dures jamais conçue. Baron d'un trafic qu'il peaufine jusqu'à permettre à des agences para-gouvernementales de bénéficier de ses services pour alimenter en armes la contre-révolution au Nicaragua, Jon Roberts fréquente le haut du pavé du crime (notamment Pablo Escobar et ses chefs). Mais aussi des juges corrompus, des politiciens marrons et des flics véreux dont il s'offre carrément les services pour décharger en toute impunité des cargaisons entières. Voire des célébrités fricotant volontiers avec le milieu pour obtenir frissons et rails de coke à bon compte (on croise chez lui O.J Simpson, James Caan et Richard Dreyfuss). De la Colombie jusqu'aux pentes enneigées (avec et sans jeux de mots) d'Aspen, Jon Robert arrose la côte Est, le Colorado mais également la Californie, de tonnes de poudre et de cachets divers et variés, régnant sur un conglomérat de pilotes, de livreurs et de nervis à faire froid dans le dos.
Avec pour garde du corps un effrayant catcheur dopé aux annabolisants pour chevaux de course que Jon Roberts collectionne à ses moments perdus (il aime également dresser des chiens et recueillir des chats errants), flanqué notamment d'une maitresse au physique de mannequin qui n'est pas la dernière pour faire le coup de poing mais qu'il trompe allègrement (grand consommateur de femmes, il se vantera même d'avoir copulé avec une ex James Bond Girl), Jon Roberts brasse une fortune en argent liquide qui lui permet de mener grand train tout en considérant sa bonne fortune comme éphémère.
Du coup, ce qui l'excite passer un certain seuil, ce n'est pas d'amasser des tonnes de dollars qu'il enterre dans son jardin ou qu'il blanchit grâce au général Noriega dans des banques panaméénnes, de s'offrir des orgies dignes de Néron ou de vivre comme un nabab dans une propriété luxueuse, c'est de repousser les limites du faisable en matière d'illégalité. Plus les risques sont énormes, plus le défi est improbable, plus il exulte en parvenant à transgresser la loi, narguant les autorités tout en flirtant avec certains de ses représentants. Voitures, bateaux, avions : tout ce qui roule, vole et flotte le fascine du moment que ses véhicules en tous genres s'avèrent plus rapides que ceux de la DEA, du FBI ou de la concurrence.
A ce petit jeu, il est tellement bon qu'il finit par devenir le fournisseur quasi exclusif du marché américain et le point de mire de ceux qui luttent encore sincèrement contre cette menace corruptive majeure. Et comme l'homme fait plus volontiers preuve d'humour que de pitié (tuer un ami n'est pas un problème pour lui dès lors que cela relève d'une simple question de survie), il faut le voir rencontrer Don Johnson et Philip Michael Thomas sur le tournage de Miami Vice et juger en expert de leur capacité à juguler sur le petit écran la criminalité qu'il incarne ô combien à la ville.
Cynique, brutal autant qu'impitoyable, Jon Roberts est le golden boy de la bulle « coke » des années 80. Il est au trafic de drogue régenté depuis Miami ce que le personnage de Gordon Gekko campé par Michael Douglas était au monde de la spéculation financière dans le Wall Street d'Oliver Stone. C'est dire si ce qu'il évoque est de première main pour qui aime les chansons de geste en pays mafieux. Au lecteur, aidé en cela par Evan Wright dont les interventions font office de modérateur, de faire la part des choses. Car la capacité de Jon Roberts à tirer la couverture à lui en toutes circonstances vaut bien celle qu'il avait à nettoyer par le vide ceux qui pouvaient nuire à son entreprise. Après tout, quand il évoque des crimes dont les victimes ont été découpées façon puzzle pour être éparpillées dans les marais saturés d'alligators, personne ne peut contester la véracité de ses dires.
A la fois chef de clan gestionnaire à la manière d'Al Pacino dans le Parrain et capable de la même sauvagerie qu'un Joe Pesci dans les Affranchis si le besoin s'en faisait sentir (ses cours particuliers sur l'art et la manière de magner une batte de baseball sont un modèle du genre), Jon Roberts se voulait une incarnation du Mal. Aussi rusé qu'un singe mais plus mordant qu'un grand requin blanc, ce type là ne se faisait aucune illusion sur l'espèce humaine dont il se voulait l'un des échantillons les moins tendres. Hallucinantes de vérisme et de crudité, ces mémoires extraordinaires raviront les amateurs de sensations mafieuses vraiment fortes.
Pour une illustration de l'hyper capitalisme poussé à son paroxysme où les concepts de moralité, de rédemption et de pudibonderie ne sont pas de mise. Et dont la morale ressemblerait à s'y méprendre à celle du Loup et l'Agneau : « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Un captivant morceau d'anthologie aussi fascinant que la beauté du diable...