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Auteur de Joe adapté au cinéma par David Gordon Green avec Nicolas Cage dans le rôle-titre (2013), Larry Brown (né et mort en 2004 à Oxford dans le Mississipi à l’âge de 53 ans) signait avec Fay en 2000 une ode à la féminité fatale digne de ses glorieux prédécesseurs, de James McCain à Howard Fast en passant par Jim Thompson ; Fay étant du reste la sœur du jeune Gary dont Joe s’improvise le mentor dans le roman cité plus haut. Sorte de figure fragile et létale à la fois, Fay traverse du haut de ses 17 ans cet épais roman de plus de 500 pages - qui se dévore avec un appétit ne se démentant jamais - telle une fleur vénéneuse. Et donc fascinante. Qui éclot sous nos yeux au gré des épisodes que l’auteur lui fait vivre et subir. Une sorte de Justine moderne, ballotée au gré d’évènements le plus souvent dramatiques, simultanément victime et coupable, cumulant les infortunes et catalysant des forces obscures avec une rare constance, nid à problèmes ambulant attirant la foudre à elle comme un paratonnerre… aux courbes affriolantes. Belle à se damner, ce que font en quelque sorte pour elles les hommes qui croisent son chemin, source vive d’embêtements maximum pour mâles s’éprenant de son innocence en voie de perversion, Fay est une enfant de la campagne qui ignore presque tout du monde corrompu des adultes et qui va faire son éducation sentimentale et sexuelle au gré du road movie que lui a concocté Brown. Recueillie tout d’abord par Sam, un flic de la route dont le couple bat de l’aile hanté qu'il est par une perte irrémédiable, elle découvre auprès de lui les joies d’un vrai foyer sur les rives d’un lac dont elle serait moins la dame de la légende Arthurienne que celle sublimée du roman de Raymond Chandler. Une étendue presque trop petite pour ses rêves d’évasion puisqu’elle atterrit ensuite au bord de la mer, du côté de Biloxi, pour tomber dans les bras d’Aaron, un massif videur de boite de striptease à la personnalité inquiétante, dans le sillage duquel elle va fréquenter toute une faune de personnages dépeints avec un naturel saisissant par une plume vive, concise et imagée qui nous transporte au cœur d’une intrigue palpitante de bout en bout. Suspens allant crescendo autant qu’étude de caractères, formidable portrait de goule moderne à la naïveté border line, Fay accapare le lecteur pour ne plus le lâcher jusqu’à un dénouement implacable, qui ne nous laisse pas plus intact que ses prétendants. Quel grand film noir pourraient en faire des amateurs du genre comme David Fincher ou Ben Affleck, en confiant pourquoi pas le rôle de cette ingénue aux allures de jeune veuve noire à la diaphane Elle Fanning...