Thèmes

amour argent art belle bonne cadeau cadre chez coeur collection dieu divers

Rechercher
Derniers commentaires Articles les plus lus

· HOLLYWOOD S’EN VA EN GUERRE : UNE PRIVÉE CONTRE LES NAZIS
· Jayne Mansfield 1967 : une éternelle gloire posthume
· Un Traitre de Dominique Jamet : une malsaine Occupation...
· RAGING BULL : UN UPPERCUTT AU COEUR SIGNE JAKE LA MOTTA
· « Occupe-toi d'Arletty ! » : un Gai Paris vert de gris

· LA TRILOGIE COSTE : LES TRES BONS ENGRENAGES D’OLIVIER NOREK
· PEREIRA ATTEND d'Antonio Tabucchi
· "LE CHINOIS" D'HENNING MANKELL : CRIMES POUR MEMOIRE
· UN PERE IDEAL : le gêne du tueur est il héréditaire ?
· L’ETE DE KATYA : QUAND TREVANIAN GOTHISAIT LE PAYS BASQUE
· UNE DOUCE LUEUR DE MALVEILLANCE : PLONGEE EN PSYCHE FATALE
· LA PENDUE DE LONDRES : CECI EST BIEN PLUS QU'UN FAIT DIVERS
· SYLVIA PLATH, CHRONIQUE D'UN SUICIDE ANNONCE
· LES NEUF CERCLES : ELLORY SUR LES TRACES DE JAMES LEE BURKE
· AMERICAN DESPERADO : SANGLANTE CONFESSION POUR CRIMINEL NE

Voir plus 

Abonnement au blog
Recevez les actualités de mon blog gratuitement :

Je comprends qu’en m’abonnant, je choisis explicitement de recevoir la newsletter du blog "lesartsausoleil" et que je peux facilement et à tout moment me désinscrire.


Statistiques

Date de création : 30.03.2011
Dernière mise à jour : 14.12.2025
517 articles


DOMENICA : SAISISSANT PORTRAIT D'UNE REDOUTABLE INTRIGANTE

Publié le 17/11/2023 à 16:48 par lesartsausoleil
DOMENICA : SAISISSANT PORTRAIT D'UNE REDOUTABLE INTRIGANTE

Paru ce mois-ci chez Albin Michel sous la plume de Patrick et Emmanuel-Alain Raynal, Domina nous romance avec brio l’histoire de Juliette Marie Léonie Lacaze alias Domenica, née dans le Sud-Ouest de la France en mai 1898 et décédée à Neuilly-sur-Seine en juin 1977 après une vie passablement extraordinaire dans le genre.

Intrigante personne ayant quitté la région de Millau pour devenir employée de vestiaire dans une boite à la mode de la capitale, Domenica s’arrange pour y rencontrer opportunément du beau monde, allant jusqu’à vamper un certain Paul Guillaume pour mieux l’épouser en octobre 1920 et devenir ainsi la femme d’un des plus influents marchands d’art de la place de Paris.

Tandis que ce dernier acquiert à bon prix les œuvres de Modigliani ou de Soutine, sa femme dilapide sans compter leur fortune au gré de ses envies, dénigrant volontiers les choix en matière de placements artistiques de celui qui l’entretient allègrement, ce que souligne plaisamment la première partie du roman précisément consacrée à Paul Guillaume.

Qui, à l’article de la mort, nous narre sa rencontre et l’empire que Domenica a sur ses sens, au point de ne pas avoir vu venir ce qu’elle avait pu tramer à son encontre, c’est-à-dire son expédition ad patres grâce à un habile subterfuge consistant à le laisser périr à petits feux d’une péritonite.

Exit donc ce premier mari, aussitôt remplacé par son plus fidèle amant du moment, Domenica ne passant ni pour prude ni pour une femme très sentimentale au gré des chapitres d’un livre qui parle beaucoup d’elle à travers les mots des autres.

Place donc au récit de Jean Walter, architecte de renom qui finit par divorcer pour ses beaux yeux après avoir fait ménage à trois du vivant du défunt, mais qui lui-aussi va connaitre une disparition prématurée.

Renversé par une automobile en juin 1957 sous le regard complice du nouvel amant de Domenica, médecin de son état, qui choisit alors de convoyer lui-même le blessé plutôt que d’appeler une ambulance à cette fin, Walter passe à son tour de vie à trépas non sans nous édifier sur le caractère pour le moins vénal de sa drôle de femme.

Laquelle subit les foudres dans la troisième partie du récit de son fils adoptif, dont elle avait en quelque sorte fait l’acquisition pour des motifs aussi spécieux qu’intéressés, lequel nous raconte par le menu comment sa très chère maman s’était ingéniée à le réduire au silence en employant des méthodes tout autant radicales que rocambolesques, l’amenant à répondre de ses actes devant la justice.

Surnommée la Diabolique de l’art, Domenica renait ici à travers le regard des hommes qui l’ont adulé mais aussi détesté cordialement ; des hommes qui ont moins donné un but à sa vie qu’ils n’en ont été ses moyens de subsistance tout au long de son irrésistible ascension sociale.

Pour une fiction raffinée, souvent caustique, qui se veut le miroir pas déformant d’une réalité quelque peu oubliée, celle du temps pas si lointain pourtant où une femme pouvait passer du rang de demi-mondaine à celui de dame de la bonne société, en jouant de ses charmes mais aussi concernant Domenica d’armes pour le moins létales.

Voilà en tout cas une sortie livresque qui se déguste comme une coupe de champagne millésimée et qui pourrait à bon droit faire l’objet d’une adaptation filmique ou télévisuelle, avec à la clé un rôle en or pour celle qui serait amenée à camper ce redoutable démon au visage d’ange.