Lesartsausoleil

Après avoir livré il y a quelques années déjà plusieurs tomes consacrés aux artistes ayant rayonné sur le Paris de la Belle Époque puis des Années Folles, de Montparnasse à Montmartre à l’aube du siècle dernier jusqu’à la Libération de la capitale, cycle d’une folle érudition ô combien jamais pédante et restituant avec une âme folle les personnalités marquantes de la peinture, de la sculpture et de la littérature de l’époque, Dan Franck s’est lancé dans une épopée au moins équivalente, en se faisant fort de nous narrer le roman de ceux qui ont fondé le courant romantique et révolutionné la littérature comme la peinture et la musique durant tout le 19^ème siècle.

Dans ce premier opus qu’on quitte à regret tant il y souffle un vent talentueux à chaque page, on retrouve en tête d’affiche Dumas et Hugo à leurs débuts, Balzac aussi bien sûr, mais également Miss Sand et tous les poètes du temps, ainsi que leurs amis peintres comme la fine fleur de la composition musicale.

Amitiés, rivalités, amours clandestines ou officielles, quête de gloire et de fortune, engagements politiques et sociaux, rien ne manque dans cette œuvre exceptionnelle pour nous décrire par le menu le parcours émérite de ces femmes et de ces hommes qui ont tant fait pour ce qu’il est convenu d’appeler la culture tricolore, avec un C majuscule.

Se lisant comme un feuilleton où s’entremêlent de grands moments connus de tous à l’instar de la bataille d’Hernani comme les minutes plus intimes qui ont pu les lier les uns aux autres, ce récit truffé d’anecdotes passionnantes et illustratives des mœurs du temps restitue à merveille la vie de labeur mais aussi de patachon de ces génies au talent intemporel.

Les dépeignant sans fard, évitant ainsi toute hagiographie, Dan Franck réussit le tour de force de nous plonger au cœur du Paris d’Eugène Sue comme sur les traces des Trois Mousquetaires et de Jean Valjean comme si nous y étions, mais aussi en province et à l’étranger au gré de leurs pérégrinations, notamment à la suite de Sand et Musset mais également de Balzac.

Sans oublier ces pages éminemment émouvantes au fil desquelles un Victor Hugo en transit découvre en feuilletant incidemment un journal de campagne la disparition tragique de sa propre fille.

C’est peu de dire que l’on savoure chaque chapitre et que l’on attend à présent avec impatience la suite de cette somme fleuve.