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Date de création : 30.03.2011
Dernière mise à jour : 13.09.2025
506 articles


CLETE, CHANGEMENT DE VOIX POUR JAMES LEE BURKE EN PAYS CAJUN

Publié le 28/06/2025 à 18:42 par lesartsausoleil
CLETE, CHANGEMENT DE VOIX POUR JAMES LEE BURKE EN PAYS CAJUN

En littérature comme au cinéma, tout est une question de perspectives et d’angles narratifs. Pour happer le lecteur, voire le bluffer de bout en bout, comme le fit par exemple Arnaldur Indridason dans son remarquable Betty.

Avec Clete, le nouvel opus de l’indispensable James Lee Burke qui vient de paraitre comme de bien entendu chez Rivages Noir, dans une traduction de Christophe Mercier, le créateur des aventures au long cours de Dave Robicheaux adopte un nouveau point de vue pour nous embarquer dans une intrigue dont il a le secret.

Donnant pour la première fois la parole à Clete Purcell, l’alter ego de Robicheaux, son podna par excellence pour ne pas dire son frère de cœur et de sang, il déplace le centre de gravité du récit de telle sorte qu’on peut sentir toute l’admiration et l’estime que Clete porte à Dave, à l’instar de ce qui transparait dans l’autre sens à travers tous les opus précédents de la saga.

Peu importe une fois encore le MacGuffin qui les occupe tous deux plus de 350 pages durant, c’est moins ce après quoi ils courent que le chemin qu’ils parcourent qui importe ici, balisé par son lot de tarés, de criminels endurcis et de braves gens pour faire bonne mesure.

Tout comme Dave croisait des fantômes dans Dans la brume électrique, Clete se retrouve présentement confronté à des apparitions spectrales pour le moins surprenantes, puisque tout au long de cette quête d’un produit chimique à la nocivité dévastatrice pour lequel certains s’entretuent allègrement, surgit rien moins qu’une représentation éthérée de Jeanne d’Arc guidant ce preux chevalier contemporain des ruelles de La Nouvelle Orléans aux rives du Bayou Teche, du côté de New Iberia.

Allégorique, voire fantastique à certains égards et fortement ancré dans son époque en ce qu’il dénonce une Amérique trumpiste, de manière visionnaire dans la mesure où le roman a été écrit avant sa réélection, une Amérique du fric roi et du capitalisme aveugle cautionnant les pires dérives droitières flirtant avec les thèses nazies, Clete ne dépareille pas dans l’œuvre d’un grand auteur qui n’oublie jamais d’inclure pleinement la nature au cœur de celle-ci.

Personnage à part entière et pas simple décor, la flore louisianaise exubérante à souhait confère à l’ensemble son vérisme aussi palpable qu’odoriférant, allant des orages dantesques qui secouent la zone à l’omniprésente mousse espagnole cascadant des arbres au-dessus de la tête des protagonistes de cette enquête introspective qui en dit au moins aussi long sur Clete Purcell que sur David Robicheaux.

Pour ne pas dire sur James Lee Burke qui une fois encore perpétue plus qu’il ne les recycle ses thèmes fétiches, sur fond d’inébranlable amitié entre deux attachants mavericks, héros des temps modernes comme égarés entre plusieurs époques, luttant au péril de leur vie pour que triomphe le Bien, ne serait-ce que provisoirement au beau milieu d’un État de plus en plus déliquescent.

Avec en tête les souvenirs d'un Age d'or révolu, d'un Eden fantasmé auquel ils se rattachent obstinément, bouée mentale nostalgique leur évitant de sombrer corps et âme sous les eaux troubles de ce Sud profond.

Et qui font tout le sel de cette grande littérature américaine là.